Vendredi 15 août
15/08 : jour d’assomption, jour de miracle : nous sommes 4 à l’appel et pour 2 jours de funboard sur le mode roots and cool comme on l’aime.
Sur place, un groupe de joyeux drilles bariolés composé de :
- Nico Déchirator qui a dû se racheter une épaule pendant les soldes d’été, ultra motivé et hautement préparé après un stage de kayak extrême en milieu hostile. D’ailleurs, pour préparer sa conversion vers le kite, il n’a pas hésité à demander de l’aide à un voilier pour accoster, histoire de s’acclimater à la dépendance.
Nico Rasta Rocket
- Le Corse de Calvi toujours bien affuté, sentant bon l'huile au monoi, organisé au cordeau dans sa Passat, où il ne reste qu'un cordon sanitaire de 40cm sur 1.60 m quand tout le matos est rentré, ce qui lui permet aisément de dormir dans la position du Yogi Koudou.
U Corsu grand père toujours fringant
- Le Lio - et oui vous lisez bien ! - fraichement rentré de Normandie où il a pu allier gastronomie et culture, ce qui est bon pour l’esprit mais moins bon pour l’indice de masse graisseuse car il a fait Omaha Beach sur les tartes à la crème fraiche arrosées de bonnes bolées de cidre, rendant quotidiennement un hommage appuyé à son sponsor fétiche « biscuiterie de la mère Poulard ».
Fast Lio 2 le retour
- Le Nino enfin, le cheveu hirsute, le genou en bois mais l’esprit serein, fort d’un été en pente douce passé entre son toit et la déchetterie de Crolles, et fort soucieux de rentrer quelques surfs dans son palmarès estival avant les premiers frimas.
The Nino en mode Robben
2 bons jours au soleil et au vent car ça tombe bien, un souffle d'ouest s'invite entre 18 et 25 noeuds sur la période et l'alarme de pluie de la Suunto du Dr Chimisto reste muette.
Bison Futé inspirait les pires craintes, mais finalement pas trop de circu, le tube VW méga rootsy du Chimiste a ronronné tranquillement pour nous acheminer vers le Brusc, où tout le monde a pu se tanker correct malgré la prolifération des vacanciers dont on se demande pourquoi t’est ce qu’y viennent poser leur viande dans ce coin.
Dès 10h, les bedonneux rougeauds mal abrités derrière leur mégère et leur marmaille sous des parasols improbables tiennent déjà la dragée haute aux vieux harengs-saurs bruyants qui composent (ou plutôt décomposent) le très fameux club de voile du Brusc. Il en faut plus pour nous décourager.
En ce vendredi 15/08, le spot est balayé par un bon 20 noeuds dès la fin de matinée, et après avoir pillé la boulange de ses flans, croissants aux amandes et pains au choc, nous gréons chacun paisiblement 5.3 avec la salive aux lèvres.
les slaloms furent aprement disputés
En fait de roots and cool, c’est quand même aussi jour de Grand Prix, puisqu’il a été décidé subrepticement de lancer 2 slaloms pour égayer la journée, sur la base de 5 aller-retour sur 2 bouées. La tension prend 10 bars en une seconde.
Le Chimiste qui n’a pas de 5.3 a dû gréer un mulet, l’ancienne Zone 5.3 du Nino qui commençait à être bouffée par les mites dans les tréfonds de son garage, autant dire que la partie n’était pas gagnée. Le Nino, dont la gentillesse n’a d’égale que son aversion pour le kite, va même jusqu’à lui passer un boardshort, le chimiste n’étant plus guère au jus des us et coutumes du root’s riding. Pour un peu, il se mettrait à l’eau en cuissard Cannondale.
Au loin, Nico règle son Garmin homologué à l’abri dans son Scudo, celui-là même avec lequel il a franchi le mur du son un jour où il allait vite. Son Lycra jamaïcain nous rappelle à tous qu’il aurait pu jouer au roi de la glisse dans Rasta Rocket.
le "Hàc bâo" freeriding team de Saigon
Un petit échauffement personnel permet à chacun de se positionner sur deux bouées au centre : ca enquille des bouées, ça fait chauffer les ailerons, ça tourne et ça retourne, sauf le Nico qui visiblement a des courses à faire à Sanary, et il doit oublier à chaque fois quelque chose car il fait d’incessants aller-retours, il doit pas savoir qu’il faut faire une liste avant d’aller au magasin en ville.
Le coup de trompe a retenti, c’est parti mon kiki pour la première série du Grand Prix (vous noterez la puissance des rimes !).
J’ai envie de dire une très belle course en vérité, puisqu’après avoir pointé 2 jusqu’au 3ème tour derrière le Mastar, une légère décrue du vent sur le tour 3 a permis au futé Nino, avec une certaine justesse technique et surtout un grand éclat de rire, de lui damer le pion pour finir 1 et rafler les 10 points. Si vous avez jamais vu la mine burinée de notre grand ami corse devenir verte comme un mauvais bruscio, c’était le moment. Apparemment l’avait pas envisagé de faire 2 sur le set, et encore le Lio qui finit 3 n’était pas loin de lui cuire le derrière. Le vent fort est assurément plus son fort.
Un avis de recherche a été lancé concernant notre Loco Nico, mais il est resté bloqué à la caisse du Super U de Sanary dès le 1er jibe cataclysmique.
Nico déchirator a déchiré la baie
La deuxième session s’engage alors dans une espèce d’euphorie grisante qui sent bon le bon vieux temps du rock n’roll.
Nico fait Way Out, il est parti s’acheter le manuel de l’empannage au port de Six Fours. Ca part donc à trois, et ca part fort : U Corsu a sorti son couteau à porc sauvage qui brille entre ses dents et part en tête, Fast Lio le suit de près, malgré sa voile de merde, il est galvanisé par son 1er set, et rassuré par l’absence du ferry Le Brusc-les Embiez qui croise plus loin.
Le nino rafle la mise dans la première série et se noie dans la deuxième
Sur cette série, El Nino, n’hésitant devant aucune compromission et arborant la tenue mondialiste d’Arjen Robben, fait figure de footix. Mauvais départ, mauvais réglage. Il est fidèle au joueur qu’il représente, brillant en 1ère mi-temps, invisible en deuxième. L’histoire était écrite : le faux batave n’étant pas prêt pour la vraie marave a donc fini par se faire bouillave (que de belles rimes !).
A sa décharge (rappelons qu’il a passé ses vacances à la déchetterie), son wish est descendu de 20cm à la première bouée, et ça c’est pas pratique, faut reconnaitre. Mais bon, faisons fi de prétexte, et puis pas la peine de préciser que tout le monde s’en branle en plus.
A l’agonie avec son wish au genou, le Corse, qui a encore le 1er set coincé dans le larynx, ne manquera d’ailleurs pas de lui tirer la langue à chaque croisement, celui-là, il aura pas le prix du fair play.
L’histoire se joue donc entre Fast Lio qui reprend de belles sensations, mais qui finit quand même à une bonne encablure derrière, la zone 5.3 ne donnant que ce qu’elle peut, et le Mastar qui prend les ten points sans trop souffrir sur cette série.
Fast Lio se remet dans le move avec brio, en attendant d'investir
Le Nino arrive tard, un bon bord dans les chailles, et pour synthétiser le bon et sain esprit de cette compétition, lâchera devant les deux champions l’attendant tranquillement à la bouée devant un café cette phrase qui a tant œuvré pour l’humanité en général et le sport en particulier : « bien joué les gars, allez vous faire enculer ».
Ce qui nous donne au général pour cet eurovision, selon le barème des 5 premières places (10 pts/ 7 pts / 4 pts / 2 pts / 1 pt) :
1 / Le Mastar (17 points)
2 / Le Nino (14 points)
3 / Fast Lio (11 points)
4 / Le Nico (2 points)
Le Mastar s'adjuge le Grand Prix
A noter que la compétition étant homologuée par la FTGB (Fédération du Team des Gros Branlos), ce décompte est intégré dans le classement général du championnat officiel 2014.
Le Mastar gagne donc une statuette de cochon qui tire la langue, en véritable plâtre à lisser (fourni par le Breizh qui regrettera certainement de pas avoir été là), et surtout le devoir de rincer l’apéro au prochain repas, d’autant qu’il est à nouveau grand’pa.
Après cet apéro fourni, nous embrayons avec notre activité favorite parmi les favorites, le freewave bump & jump, en 4.7 avec un vent renforcé mais un poil irrégulier, et une mer peut être pas encore suffisamment formée pour enquiller des bons rollers, mais pas de quoi faire la fine bouche, c’est que du régal.
Les free session libèrent les artistes
Une magic free session donc, avant de rallier l’Almanarre le soir pour une bonne bouffe chez Welcome, histoire d’admirer le couchant de la baie qui vaut son pesant de vis d’ailerons, je vous l’dis.
La baie de l'Almanarre, joyau du Var
L’occasion de vérifier que personne n’est véritablement au régime diététique, mais il faut dire qu’une journée comme celle-là te met l’estomac en mode Viking. Bref, après que Lio ait tenté à plusieurs reprises de nous vendre sous le manteau sa dernière breloque Suunto, et de nous détailler la notice du tout nouveau Garmin Fourre-sexe 3000, on rapatrie nos pénates au Brusc pour ronquer tranquille, un trajet d’à peu près 2 plombes à cause que Flanby est dans la place pour commémorer. Y’a des schmidt tous les 100 m qu’on se croirait au Maroc, et Hyères est transformé en blockhaus.
Nico travaille son jibe
Samedi 16/08
Le spot est balayé dès notre réveil par un bon 25 noeuds, ce qui nous incite à charger la mule au petit déj, mais cependant le vent retombe soudainement au moment de gréer. S’ensuit donc un bon moment de glandouille au soleil à se mater la biasse, pas belle à voir après s'être envoyés 5 pains au chocolat dans le cornet. Le spot flirte quand même avec les 15 noeuds, ce qui amène les vieux autochtones à cranter avec leur matos de pétole derniers cris, et ce qui amène aussi un bon lot de famille Patchoulis et Fenouillard à squatter notre bout de plage.
Lio and me décidons donc de faire prendre l’air aux poutrasses, accastillées des Hellcats 6.2. Presque seuls sur le spot, on pompe deux coups (comme on dit au Bois de Boulogne) et c’est direct le planning pour une régalade d’une heure et demie. Les vieux du coin ne viennent pas nous chercher, ils sentaient déjà bien en nous regardant gréer les bêêêtes que fallait pas venir nous emmerder avec ce matos. L’isonic est une sacrée balle, elle fait qu’accélérer, et une fois qu’elle est à bloc, elle accélère encore : une vraie pure sensation de glisse comme jamais Cornélius le kiter n’aura dans sa vie de crabe. Reste à trouver le truc pour la faire tourner correctement et prendre le réflexe d’aller chercher loin le strap arrière, et t’es intouchable en light, aussi bien en downwind qu’au cap / vitesse. Le Lio n'en finissait pas de hurler comme un goret tant ça lui rappelait un temps jadis où il fut le maître du bouzin avec son pote El Chinkos de HK.
La prochaine fois, je suis sûr qu’il revient avec ses feutres à aileron qui optimise la dynamique des fluides tant sur le bord d’attaque que sur le bord de fuite. Personnellement, je ne l'ai jamais vu lancer de tels cris d'allégresse dans le col du coq, mais c'est un autre débat.
Ce fut une magnifique session à laquelle le Mastar se joindra ensuite au Nino, chaussée de sa Fanatic freewave 92 l et sa 6 m, le vent étant monté d’un cran, Fast Lio ayant rendu la main entretemps pour une pause offerte par sa fondation Oversteam.
Le vent ayant continué à prendre des tours, et, de par le fait, l’ isonic devenant difficile à contrôler, un changement radical s’opère l’après midi pour les planches de vagues + 4.7, et on passe le reste de la session à prendre quelques bonnes houles à la pointe nègre, dans un zef toutefois un brin capricieux. Free, free, set them free, comme dit Sting...
Seul Nico Déchirator continuera de planer haut et fort puisqu’il est le seul à avoir gardé l’option 5.4 (avec 100L sous les pieds), ça tombe bien, il lui restait quelques emplettes à faire et il a dû signer un contrat avec les Messageries du Var pour des rotations Sanary-Les Embiez... C’est avec l’hilarité qu’on lui connait bien qu’il a pu avoiner copieux toute l’aprèm le saligaud !
Et puis après la fin de journée ?
Ben, déclavetés, brisés, déchenillés, l’oeil halluciné et le geste lent, on rejoint le camp de base en évitant les baigneurs imprudents et les plagistes grommelleux, et on commence à plier doucettement.
Fin de session jah rastafari
L’ambiance de fin de session est fidèle à nos grands principes : nous trainons les tongs nonchalamment en jetant nos regards un brin héberlués vers la mer ou le matos qui sèche, Bob nous accompagne en crachant Jamming, rythmant les gestes automatiques de pliage et rangement de matos, sur ce mode « natural mystic blowing into the air » si cher à nos racines, c’est-à-dire que nous n’affolons pas les Garmin par la vitesse de nos mouvements, bercés par la poésie du lieu et l’enivrement de s’être offert cette régalade pur sucre à partager sans modération. A peine nous offrons nous en ces instants de paisibilité quelques fugaces pets, modestes mais de compétition quand même , on n'est pas n'importe qui, mais il ne s'agit là que d'une offrande aux dieux du vent...
Quand même cette vie de bohême, quel kif...